Dimanche 5 mai, un groupe de 15 étudiants catholiques de l’université de Pamulang en Indonésie, a été agressé par une foule de musulmans extrémistes. "Je vous ai dit de ne pas célébrer de culte ici" aurait déclaré le chef du village, à l’origine de l’attaque.
Selon Morning Star News, quinze étudiants catholiques qui priaient le chapelet, ont été ciblés par un groupe de musulmans extrémistes, dans une maison de la province de Banten, sur l’île indonésienne de Java, le dimanche 5 mai dernier.
"À 19h30, la foule a commencé à se rassembler après avoir entendu la provocation du chef du village qui a crié 'Hé, [juron supprimé], si vous ne vous dispersez pas, j'appellerai les habitants'", a affirmé l’avocat des étudiants chrétiens, Siprianus Edi.
Les assaillants se sont ensuite dirigés vers la maison, armés de "machettes, de faucilles, de couteaux" et "auraient légèrement blessé" deux étudiantes pendant l'attaque, l’une au ventre et l’autre au visage. Un étudiant musulman qui aurait essayé de les protéger aurait lui aussi été blessé.
Selon le chef de l’association citoyenne, des habitants inquiets se seraient plaints du bruit récurrent lors de ces réunions religieuses. Selon lui, la situation serait devenue incontrôlable après que les chrétiens auraient frappé les habitants.
La prière dans une maison est "un manque de respect"
Lundi 6 mai, Permadi Arya un militant religieux indonésien, a partagé une vidéo de l’attaque sur son compte Instagram. "Des étudiants de l’université catholique ont été battus juste parce qu’ils ont prié" a-t-il partagé.
Sur cette vidéo, deux étudiantes affirment que le chef du village a déclaré que la prière du chapelet lui manquait de respect en tant que dirigeant local et que les cérémonies religieuses devaient se dérouler dans une église et non dans une maison.
"Je vous ai dit de ne pas célébrer de culte ici. Faites-le dans l’église là-bas, comme nous, musulmans, adorons à la mosquée. Comment osez-vous me manquer de respect?"
Le militant indonésien a demandé au ministre de la religion, Yaqut Cholil Qoumas, de prendre des mesures au nom des étudiants chrétiens. Il a également dénoncé le "manque d’action ferme" du gouvernement.
"Ceux qui dérangent les gens qui prient sont considérés comme des destructeurs de l'Indonésie"
Selon Morning Star News, le chef du village et trois suspects ont été arrêtés le poste la police de South Tangerang.
L’avocat des étudiants chrétiens a déclaré que "ceux qui dérangent les gens qui prient sont considérés comme des destructeurs de l'Indonésie en tant que pays démocratique". En outre, le vice-président de l’Institut Setara pour la paix et la démocratie, Bonar Tigor Naipospos, rappelle que les cultes de maison ne sont pas contraires à la loi.
Classé 42e dans l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2024 de l’ONG Portes Ouvertes, l’Indonésie devient "plus conservatrice dans sa pratique de l’islam et moins tolérante envers les minorités religieuses". Pour l'ONG :
"La pression reste forte pour de nombreux chrétiens et, d’une manière générale, suivre Jésus reste difficile."
Mélanie Boukorras